GAEC O'MIEL, 650 ruches pour la production et pour l'élevage
7 Déc 2022
Entreprises Maine-et-Loire
Un soleil éclatant, une odeur de cire et des abeilles en pleine activité, le décor est planté et nous sommes accueillis par le sourire de Ludivine. Elle transporte des cadres qu’elle confectionne pour les ruches. Lorsque l’activité bat son plein, les temps morts n’existent pas. C’est la nature qui décide de l’emploi du temps des apiculteurs. Alors il faut être prêt à intervenir dès que cela est nécessaire. A certaines périodes de l’année, Julien doit faire l’impasse sur les week-ends. Même chose pour Ludivine lorsqu’elle tient des stands pour vendre leur production. Malgré ces contraintes, l’apiculture leur procure toujours le même plaisir. Pourtant, ce n’est pas la voie que Julien avait initialement choisie...
Anjou Maine Découvertes : Quand avez-vous démarré votre activité d’apiculture ?
Ludivine Hilairet : Julien s’est lancé seul en 2007 avec 400 ruches, j’ai intégré l’entreprise en 2009 en tant que conjointe collaboratrice. Puis deux ans plus tard, nous avons créé le GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun). Aujourd’hui, nous avons 650 ruches dont 500 en production de miel et le reste, c’est de l’élevage, du renouvellement de colonies.
AMD : S’agissait-il pour l’un comme pour l’autre de votre première expérience professionnelle ?
LH : Non. A la fin de mes études, j’ai fait une saison au zoo de La Flèche en tant que soigneuse animalière. Quant à Julien, il était marin pêcheur à la Turballe. Il est devenu apiculteur sur un malentendu car, en recherchant un emploi dans l’arboriculture en tant que saisonnier, il s’est trompé de ligne dans l’annuaire et il a composé le numéro d’un apiculteur ! Comme ce dernier cherchait du personnel, on a décidé d’y aller tous les deux. On a fait deux ou trois années en saison chez lui et lorsqu’il nous a dit qu’il voulait vendre des ruches, nous nous sommes lancés dans l’aventure.
"Nous sommes devenus apiculteurs sur un malentendu."
AMD : Pour travailler en tant qu’apiculteurs, avez-vous suivi une formation ?
LH : Nous avons tous les deux une formation dans l’agriculture. Il n’existe pas d’école spécifique mais aujourd’hui une formation adulte est proposée, un BP REA, un Brevet Professionnel Responsable d’Exploitation Agricole. Dans la région, je sais qu’il y a une école à Laval. En ce qui nous concerne, nous avons appris sur le terrain, une méthode nécessaire car entre la théorie et la pratique, vous avez parfois des différences.
AMD : Comment devenir un bon apiculteur ? Quelles sont les contraintes de ce métier ?
LH : Ici, nous sommes surtout centrés sur la production de miel, nous ne faisons pas d’élevage de reines, pas de gelée royale. Ce métier impose beaucoup d’observations, regarder le comportement des abeilles au sein des colonies. Être apiculteur, c’est accepté de se faire piquer malgré les combinaisons que nous portons. C’est physique, surtout en saison, période durant laquelle on fait de très grosses semaines. Évidemment, l’hiver est plus calme et nous en profitons pour travailler la menuiserie, comme les cadres et les hausses par exemple. A cela s’ajoute la commercialisation de la production, cette dernière étant en moyenne de 18 à 20 tonnes à l’année.
AMD : Vous venez d’évoquer les contraintes de votre activité. Mais qu’en est-il de la menace qui plane sur les abeilles ?
LH : Depuis nos débuts, nous avons constaté que les semences sont moins mellifères. Je peux prendre comme exemple le tournesol. Avant, nous mettions cinq hausses sur nos ruches. Aujourd’hui, nous n’en mettons plus que deux. A cela s’ajoute les pertes dues à des intoxications provoquées par certains traitements comme les néonicotinoïdes. Par contre, nous ne déplorons pas de pertes causées par le frelon asiatique.
AMD : Pouvez-vous nous parler de votre champ d’action ? Sur quelles zones géographiques travaillez-vous ?
LH : Au printemps, nous sommes en pleine période de pollinisation. Nous sommes donc appelés par des arboriculteurs et des maraîchers pour polliniser comme actuellement sur les pommiers ou sur le colza semence. En fait, nous louons nos ruches le temps de la pollinisation, ce qui permettra aux arbres d’avoir des fruits. Vous comprenez pourquoi les abeilles sont indispensables. Toutes les transhumances ont lieu la nuit. Le déplacement des ruches se fait très tôt, vers 5h00. A cette heure, nous avons la garantie que toutes les abeilles sont dans la ruche. Une fois que nous sommes arrivés sur le site, on les place et on les laisse le temps de la floraison, environ quinze jours. Nous opérons donc sur plusieurs secteurs comme Beaufort-en-Vallée, Angers. Pour le colza et l’acacia, nous allons jusqu’en Indre-et-Loire. Puis pour le tournesol, nous allons dans la Vienne, soit à deux heures de route. L’année dernière, nous avons emmené quarante ruches chez un exploitant de lavande qui s’est lancé dans les huiles essentielles au-dessus de Châteaudun. Nous avons réussi à faire 40 kilos en moyenne par ruche, un résultat très satisfaisant.
AMD : Y-a-t-il une spécificité concernant le miel d’Anjou ?
LH : Nous avons beaucoup de bois de châtaigniers mais nous ne sommes pas la seule région à produire du miel de cet arbre. Contrairement à la Bretagne qui a du miel de bruyère et le Sud qui produit du miel de thym, en Anjou, nous produisons surtout un miel toutes fleurs en plus du miel de châtaignier.
"Ce métier impose beaucoup d'observations comme regarder le comportement des abeilles au sein des colonies."
AMD : Pourquoi une boutique sur votre lieu de travail ?
LH : Nous avons ouvert en décembre dernier car nous avions de la demande. Chaque jour, des personnes venaient ici pour acheter du miel. Nous n’étions pas forcément disponibles et nous n’avions pas de lieu d’accueil. Est donc née la boutique qui est ouverte le vendredi après-midi de 14h00 à 18h00, puis le premier samedi de chaque mois, mais le matin seulement.
AMD : Que proposez-vous dans la boutique ?
LH : Nous vendons du miel de notre production, ainsi que de la cire. Mais les clients peuvent aussi trouver plein d’autres produits comme du savon qui est fabriqué avec notre miel par la savonnerie des Vertus de La Flèche, des bonbons provenant de Vendée. Le nougat et les nonettes arrivent du Mont-Saint-Michel, et le pain d’épice est fait à Saint-Sylvain d’Anjou. Nous aimons l’idée de partenariat avec de multiples artisans qui travaillent à partir de notre production de miel.
La boutique du GAEC O'Miel à Durtal
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